Le Brexit pourrait faire couper temporairement la production d’Aston Martin

Au Parlement, Aston Martin, aux côtés de l’Association des constructeurs automobiles britanniques (SMMT), a pointé du doigt le possible arrêt temporaire de la production de la marque suite au Brexit. La sortie de la Grande-Bretagne de l’UE engendrerait un blocage d’homologation. Une situation jugée « presque catastrophique ».

« On a besoin de plus de certitudes » affirmait Mike Hawes (directeur général du SMMT) au sein du Parlement britannique, accompagné du directeur des affaires gouvernementales de Honda Motor Europe ainsi que du Directeur financier d’Aston Martin.« Nous assemblons toutes nos voitures en Angleterre et nous continuerons de le faire » rétorquait le responsable aux comptes de la firme de voitures de prestige britannique. Comme un échantillon des propos tenus, lors du Business Select Committee dans le Parlement britannique, donnant la parole aux acteurs de l’industrie face au gouvernement anglais. Principal sujet tenu dans la salle : les accords entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni, face à une nouvelle homologation qui devra entrer en vigueur après mars 2019. Les vérités et les doutes se sont laissés entendre au sein de l’établissement, tant les arrangements et les relations sont au point mort. Une menace pour la production et l’exportation.

Un enjeu : pouvoir exporter ses véhicules correctement

Si la présence d’Aston Martin a le mérite d’être prise au sérieux, celle de l’Association des constructeurs automobiles britanniques (SMMT) indique une chose : l’ensemble des marques britanniques et celles disposant d’entités au Royaume-Uni affirment qu’il pourrait y avoir bel et bien des problèmes pour la production ou la commercialisation de leurs modèles au Royaume-Uni. En début de semaine dernière – par le biais de la BBC – on apprenait ainsi qu’Aston Martin pourrait être contrainte de stopper sa production en 2019. Le problème rencontré étant cette fois-ci uniquement dû au Brexit. En effet, la séparation de l’UE et du Royaume-Uni engendrera des problèmes d’homologation pour les véhicules produits sur le territoire de Sa Majesté. En mars 2019, les normes établies par l’UE et mise en œuvre outre-Manche seront rompues. Le gouvernement anglais devant ainsi mettre en œuvre de nouveaux certificats de validité pour les véhicules produits localement, mais dont ce dernier devra être en accord avec l’Europe, afin de mener à bien les exportations. Hors sur ce dernier point, tout reste à faire.

Facilités d’échange rompues

La nouvelle a ainsi brusqué Aston Martin, et le directeur financier du constructeur – rappelant que l’ensemble de la gamme est produite au Royaume-Uni – a mis en garde le gouvernement anglais sur l’importance et l’imminence qu’un accord devra être passé. Dans le cas où rien ne serait conclu à temps entre l’Agence de certification des véhicules (VCA) britanniques et l’UE, il y aurait un « effet semi-catastrophique de devoir arrêter la production » affirmait Mark Wilson au titre d’Aston Martin.

Clarté demandée

Pour Patrik Keating, directeur des affaires gouvernementales européennes d’Honda, la nouvelle certification qui sera mise en place aura comme risque la perte des facilités d’échange qu’offrait l’accord de libre-échange de l’Union européenne. Selon l’homme, 2 millions de composantes du constructeur automobile transiteraient aux frontières britanniques, sous 350 camions. Avec seulement une heure de stock, le retard engendrait par les nouvelles certifications pourraient faire très rapidement envoler la note à payer à l’entreprise. « Toutes les 15 minutes de retard à la douane coûteraient […] 850.000 £ par an » affirmait M. Keating, dans une projection sur l’avenir. De cette manière-là, Honda voudrait ainsi mettre en place de nouveaux entrepôts afin de faire augmenter la quantité de stockage. Mais avant de tout mettre en place, le responsable des affaires gouvernementales a indiqué aux députés et au représentant du gouvernement présents au Business Select Committee que « mars 2018 [un an avant la fin des homologations européennes] est la date où nous voudrions la clarté autour de la transition ».

Une possible solution…

Au sein de l’UKIP, le principal Parti politique britannique eurosceptique, le conservateur Neil Hamilton a jugé « absurde » l’affirmation d’Aston Martin lors de son allocution au Parlement. La preuve donnée par Mark Wilson « ne serait probablement pas réaliste », selon ses dires, ajoutant en riant qu’Aston Martin n’exportait que 600 véhicules par an vers l’Union européenne. Avant de rajouter sous forme de comparaison, que l’Allemagne et son industrie exporte quant à elle 820.000 voitures par an vers la Grande-Bretagne, donnant ainsi même un « avantage pour les constructeurs nationaux, si aucune voiture étrangère ne pouvait être vendue au Royaume-Uni ».

Au milieu des deux voix portées, une solution pourrait être envisagée. Lors du Business Select Committee, l’association des constructeurs automobiles britanniques – toujours par la voix de M. Hawes – a indiqué qu’un accord de « cumul » avec l’UE pourrait régler quelque peu le problème. Ce contrat UK-UE serait tourné de la manière où les normes de certification de l’Europe soient calquées en Grande-Bretagne, et que chacune des puissances reconnaissent l’accord. Seulement voilà, dans une situation où le Royaume-Uni se voit négocier difficilement ses contrats commerciaux sur le Brexit, la mise en place devrait être un instrument de plus pour l’Union européenne afin d’obtenir le plus d’avantages financier sur le départ de la contrée d’outre-Manche.

Plusieurs constructeurs alertés

Nul doute qu’avec le Brexit, les choses ont changé. L’avenir du commerce est délicat. Firmes britanniques ou non, le marché d’exportation sera sûrement touché. En mai 2017, ce fût le Président de Ford Grande-Bretagne qui avait dévoilé ses doutes : le vote du Brexit auraient des répercussions sur le marché de niche qu’est celui de la Ford Focus RS, dont l’avenir est remis en question. En effet, le Royaume-Uni étant le marché le plus important pour le modèle sportif, le détachement européen pourrait avoir des conséquences selon l’homme anglais.

Au même titre, Jaguar et Land Rover avaient eux aussi émis leurs doutes. Au sujet de leur avenir dans l’électrique – dont le basculement complet dans une gamme 100% « verte » avait été prévu pour 2020 – l’obstacle du Brexit entraînait les deux constructeurs du groupe Tata à remettre leurs ambitions à la baisse. Pointé du doigt cette fois-ci : les taxes qui pourraient être additionnées au prix des modèles de la gamme, selon un « fin connaisseur » relayé par Les Echos en septembre 2017. Un problème pour les modèles des deux constructeurs, dont les prix devraient déjà naturellement progresser suite au fait de leurs nouvelles technologies.


Via BBC News, Sunday Express, Autocar, Les Echos, avec AFP

Illustrations Pexels (via Pixabay)

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