Camion électrique : grandes avancées pour un avenir encore trouble

Il n’y a pas que dans le secteur automobile que la mobilité « verte » se tire la bourre dans une course en R&D pour des autonomies de plus en plus importantes. Entre Tesla et Daimler, une nouvelle course a été lancée : produire un camion électrique compétitif face aux technologies thermiques au plus vite. Si dans le secteur automobile la question entre hydrogène et électricité est perpétuellement relancée, chez les poids lourds, la décision semble tranchée.

L’automobile admet aujourd’hui pouvoir proposer des véhicules sur le marché disposant d’une autonomie dépassant les 400 km. Chevrolet Bolt, Renault Zoé, Nissan Leaf ou encore Hyundai Ionic, de nombreux modèles ont franchi le cap. Mais il s’agit d’un marché jonglant entre croissance et avenir incertain, face à d’autres technologies tenant le même nombre de promesses, notamment celle de l’hydrogène. Voitures mais aussi motos, avions… C’est toute la mobilité qui est touchée aujourd’hui par cette question de transition écologique. Et l’actualité des poids lourds vient elle aussi d’écrire de nouvelles pages en terme de moteurs électriques. Au premier plan : le salon Tokyo Motor Show, Daimler, et Tesla.

Tesla et le teaser de son poids lourd électrique, avant sa présentation le 16 novembre prochain.

Batteries de 300 kW pour 11 tonnes de charge utile

Dans salon automobile du pays du Soleil Levant, là où par habitude les yeux se tournaient vers les présentations de nouvelles voitures de marques asiatiques, c’est avec un concept de camion allemand que les projecteurs se sont tournés. Baptisé « E-Fuso Vision One », il s’agit du second concept de camion électrique présenté par Daimler (détenant Mercedes) et dont la filiale Mitsubishi Fuso Truck and Bus Corporation en est responsable du développement. Selon les premiers chiffres indiqués par le constructeur, il s’agit du premier projet de poids lourd à pouvoir prétendre à atteindre une autonomie de 350 km. Sa réserve d’énergie ? Située dans un ensemble de batteries fournissant en pleine charge l’équivalent de 300 kW. On est bien évidemment loin des batteries automobiles allant de 30 à 100 kW.

Le concept E-FUSO Vision One, première étude à dépasser les 300 kilomètres d’autonomie.

350 km, c’est toutefois trop peu pour une flotte pour transporteurs internationaux, voire même nationaux. D’après le communiqué publié par le constructeur en charge du concept, ce genre de modèle sera destiné aux trajets régionaux intra-urbains. Toujours selon eux, ce genre de modèle serait disponible très prochainement à une production en série. Avec une charge utile de 11 tonnes, ce ne serait que 2000 kilos de moins disponibles par rapport à un modèle équivalent thermique. Par ailleurs, il faudra attendre au moins quatre ans selon les responsables de la marque pour voir apparaître une déclinaison de série de ce concept, dû aux infrastructures encore inexistantes, que ce soit en Europe et au Japon.

De la même manière, pour la production de modèle destinés à des trajets plus long, Daimler reste réaliste et affirme qu’il reste encore « un temps considérable » avant de pouvoir mettre sur le marché des technologies de batteries pour long courrier.

Une course entre Daimler et Tesla lancée

Si Daimler de part Mitsubishi Truck and Bus Corporation peut se féliciter d’avoir battu des records en terme d’autonomie, c’est aussi grâce à une prise de retard de son concurrent direct. En effet Tesla devait le 26 octobre dernier présenter son premier concept de camion électrique, dont l’autonomie viserait quant à elle une fourchette située entre 320 et 480 km. Retard dû aux complications de production apparues pour la Model 3, ayant poussé cette date de présentation du poids lourd au 16 novembre prochain.

Grandes avancées pour un avenir trouble

En France, les dernières directives sur la question de l’écologie semble avoir préféré la technologie électrique à l’alternative hydrogène, beaucoup plus favorisée par les pays asiatiques voire en Europe avec un gouvernement allemand beaucoup plus partagé dans les choix à faire en matière d’infrastructures : choisir la borne de recharge électrique ou les stations d’hydrogène ? Dans cet avenir peu clair, Renault a décidé avec son alliance avec Nissan de préférer l’électrique, et ainsi investir massivement dans sa R&D. PSA, de son côté, semble stagner, pris dans un point de vue beaucoup moins manichéen. Dernièrement, le Directeur de Hyundai France nous annonçait en off la grande préférence du constructeur pour l’hydrogène, face à une technologie électrique « qui dans les années qui suivent, verra en aucun cas son offre faire baisser ses prix en matière de batteries ». C’est dire…

De ce constat-là, le marché des camions n’en est pas mieux ou moins bien embarqué. Mais il est certain qu’à l’heure actuelle, un poids lourd diesel peut effectuer près de 1.600 km avec un seul plein. De quoi ajouter encore une marge avec une possible offre électrique, bien que les moteurs diesel accusent encore des consommations gourmandes (35 L/100 km), nous affirmait l’un des responsables du site truck1.fr, (site de vente de camions d’occasions). Nul doute donc qu’il s’agit d’un segment où la technologie verte doit investir le marché. Ainsi, la seule différence entre l’automobile et les poids lourds sera que ces derniers semblent beaucoup moins hésiter sur la question de la source d’énergie. L’électrique, à tout pri(x)s.


Illustrations Daimler, Tesla

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