« Dieselgate » chez Renault : 900 000 véhicules soupçonnés par la DGCCRF

Le quotidien Libération a publié ce mercredi 15 mars le rapport faisant suite à l’ouverture d’une information judiciaire contre les qualités substantielles des moteurs diesel de Renault. Dans ce dernier, il est écrit que le constructeur « a utilisé une stratégie ayant pour objectif de fausser les résultats de tests antipollution ».

En janvier dernier, c’était au tour de Renault d’être soupçonné d’avoir truqué ses moteurs diesels. Avec l’ouverture d’une information judiciaire suite à la demande du parquet de Paris, le constructeur a été mis en examen. Ce qui n’avait pas été révélé jusque-là, vient d’être publié aujourd’hui : un dossier de « 39 pages » datant de l’année dernière et rédigé par la Direction générale de concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a été révélé noir sur blanc dans le quotidien Libération du 15 mars 2017.

Des écarts très importants

Le 14 janvier dernier, le journal Le Monde écrivait que 80 véhicules du Losange auraient « rapidement montré que les Renault étaient parmi ceux qui émettaient le plus de polluants lors des essais sur route, dépassant de très loin les seuils autorisés et évalués habituellement sur banc d’essai ». Si ce constat n’engageait en rien la justice, il en est différent aujourd’hui. Selon les documents de la DGCCFR, Renault serait soupçonné d’utiliser un « dispositif frauduleux » et donnant des écarts importants » quant aux mesures des émissions des moteurs diesels sur la route et lors de l’homologation. Une déclaration appuyée par des statistiques faramineuses : les modèles Captur et Clio IV, parmi les véhicules les plus vendus en France et en Europe, dépasseraient de 377% et 305% le seuil réglementaire d’émission de dioxyde de carbone. Des résultats ayant certainement influencé l’avis du parquet de Paris d’ouvrir une information judiciaire auprès de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) avec la Gendarmerie (voir notre article).

7 ans de mensonge annoncés, 900 000 véhicules commercialisés

L’affaire examinée depuis par trois juges d’instruction du tribunal de grande instance de Paris serait ainsi en train de vérifier les soupçons de « calibrage » des moteurs « uniquement pour qu’ils soient autorisé à circuler » selon Libération. Concrètement, cela voudrait dire que Renault mettrait en service un système de dépollution « très consommateur » et « augmentant l’usure des moteurs » seulement lors des tests en laboratoire afin de réduire considérablement des données constatées par la suite en circulation réelle. Mais bien que la possible affaire ne se déclare qu’en ce début d’année 2017, la DGCCRF annonce une « mise en oeuvre de stratégies frauduleuses depuis plus de 7 ans ».

Loin des 11 millions de logiciels trompeurs du groupe Volkswagen touché par le « dieselgate », Renault pourrait tout de même avoir rendu des homologations contestables sur « près de 900 000 véhicules commercialisés » selon le calcul effectué par Bercy. Un nombre valorisant 16,8 milliards de chiffre d’affaires.

Renault répond et dément

Le matin même de l’annonce, quelques heures après que l’AFP ait contacté le constructeur, Renault a publié un communiqué de presse démentant tout enfreint aux règles d’homologation, poursuivant qu’aucun de ses modèles n’est équipé de logiciel trompeur. Dans ce courrier envoyé à la presse, le constructeur juge « déséquilibré » l’article de Libération, à l’origine des nouvelles révélations et de la baisse de près de 2,5% du titre du Groupe Renault à la Bourse de Paris (donnée relevée à 10h06).

Envie d’en savoir plus sur l’affaire Renault ? La genèse de l’enquête ; ce qui est reproché au constructeur et ce que les responsables risquent, tous ces points à retrouver dans notre dossier spécial.

Information judiciaire : En cas de crime ou de délit pénal (affaire complexe), le procureur de la République déclenche l’action publique et ouvre une information judiciaire, confiée à un juge d’instruction. L’information judiciaire est la phase de la procédure pénale qui précède un jugement et au cours de laquelle le juge d’instruction, sous le contrôle de la Chambre de l’instruction, procède aux recherches permettant la manifestation de la vérité, rassemble et apprécie les preuves, entend les personnes impliquées ou poursuivies et les témoins, décide de mettre en examen une personne et de la suite à donner à l’action publique.


Via AFP, Libération, Le Monde et Renault
Illustration Paulina101 via Pixabay

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