Essai Peugeot Rifter : une alternative face aux SUV pour les familles ?

Alors que Renault renouvellera sa gamme Kangoo à la mi-2019, PSA a profité de l’été pour mettre sur le marché sa nouvelle génération de ludospace. D’un côté avec le Berlingo pour Citroën et de l’autre avec le Combo Life pour Opel, c’est également sous la nouvelle effigie « Rifter » pour Peugeot que la plateforme EMP2 a été développée. Avant sa commercialisation dès septembre, nous l’avons essayé pour vous.

Surprenant soit-il, le segment des ludospaces a été l’oeuvre de trois nouveautés au sein du groupe PSA. Surprenant, tant ce marché joue entre deux eaux : les SUV et les monospaces. Mais si ces derniers temps le ludospace semblait en être étouffé, le groupe français veut démontrer l’inverse pour l’avenir, et retrouver des chiffres de vente à l’image de ceux qu’ils avaient pu être. Citroën, avec ses plus de 3 millions de Berlingo vendus, en est un parfait exemple. Né d’une base technique commune avec ses deux sœurs, le Peugeot Rifter que nous avons pris en main monte en gamme, mais ne compte pas pour autant se montrer à côté de la plaque quant aux aspects pratiques que l’on recherche sur ce type de véhicules. Un pari réussi ?

 

Appelation différente de son cousin utilitaire

Dès lors l’arrivée du Peugeot Rifter et ses modèles équivalents chez PSA, l’une des grandes spécificités du marché des ludospace était sa proximité avec le marché des utilitaires. Par conséquent, le regard des clients quant au style du modèle n’était pas primordial sur leur avis et leur volonté d’achat. L’aspect pratique et la conservation du confort se plaçaient devant toute chose. Et c’est là que le paroxysme des nouveautés du Peugeot Rifter s’est présentée face à nous. Précédemment, le modèle ludospace de Peugeot était le Partner Tipee, dont son appellation « Tipee » venait le différencier du modèle utilitaire baptisé simplement Partner. Maintenant, le modèle affirme sa différenciation par un nom nouveau, et surtout une volonté de travailler davantage le style du modèle, sur un marché de modèles pas très esthétiques. De plus, la politique de Peugeot se voulant « la meilleure marque généraliste haut de gamme » a conduit les équipes à faire monter le niveau de standing de ce Rifter par rapport au modèle précédent. Finalement, le véhicule veut à nouveau attirer les clients de Partner Tipee et se montrer comme une alternative tenace aux monospaces et surtout aux SUV. Bien que 1.500 euros plus chère que le Parnter Tipee, et proche d’une gamme de 3008.

Pour les familles, jusqu’à 7 personnes

Quoi qu’il en soit de sa politique de positionnement sur le marché, le Rifter cherche toujours à répondre aux attentes des clients quant à l’aspect spacieux. Pour embarquer 5 personnes, il n’y a aucun problème : les trois sièges arrière individuels permettent une largeur suffisante pour trois personnes. Mais les trois nouveautés du groupe PSA ont développé une version longue de leur modèle respectif, afin de proposer une capacité de 7 places. Ainsi, avec un rajout de 35 cm, la longueur du véhicule est portée à 4,75 mètres, contre 4,40 m pour la version normale. La différenciation tarifaire est de 1.000 euros, qu’importe les motorisations et finitions choisies. Autrement, les équipements de série et ceux en option sont identique vis-à-vis du modèle à la silhouette courte.

Attirer par le style ?

Comme précédemment indiqué, le Rifter veut à nouveau attirer une clientèle de ludospace, mais aussi se montrer concurrent à l’achat d’un SUV. Et cela passe par un travail sur la carrosserie du modèle – reprenant des éléments baroudeurs propres aux SUV – se voulant plus esthétique et éloignée de l’aspect utilitaire voire de fourgonnette. Son look différencié l’est également du reste de la gamme des ludospace PSA. En effet, chacun des constructeurs du groupe ont rajouté leur signature visuelle, et Peugeot a notamment travaillé ses optiques avant et feux arrière, ainsi que sa calandre. Autrement, rien ne change sur l’extérieur du modèle face aux Berlingo et Combo Life, encore moins vis-à-vis de leur volume. Ce sera pour le coup une affaire de goût.

Au sein de l’habitacle, même chose. Peugeot a joué sur la présence d’un i-Cockpit quelque peu modifié pour différencier sa planche de bord du reste de la gamme. Au menu, un petit volant à double méplats, une tablette tactile de 8 pouces (sauf sur entrée de gamme) ainsi qu’un combiné placé au-dessus du volant mais dont les cadrans restent pourvus d’aiguilles physiques. Les sièges sont eux aussi spécifiques, mais davantage dans l’intérêt que Citroën compte proposer ses propres assises aux qualités remarquées sur nos différents essais (cliquez ici).

Au sujet des niveaux de finitions, Peugeot chercher bel et bien à attirer les clients vers sa version GT Line. Cette dernière – coiffant le haut de gamme – vient s’accaparer des éléments de style tel qu’une calandre noir laqué, des coques de rétroviseurs et protections latérales noires, tout comme des jantes alliages de 17″ et le volant en cuir. Toutefois, la finition de milieu de gamme Allure accueille déjà une calandre chrome, les optiques avant avec feux diurnes à LED ou encore le pare-chocs avant à la couleur de la carrosserie.

Aspect pratique

Nerf de la guerre du marché, le côté pratique du ludospace règne souvent face aux autres gammes de véhicules. Le compromis cherché avec le design n’a pas pesé sur la qualité première du gabarit ?

Tout d’abord, on notera l’excellente idée d’installer une lunette arrière ouvrante, alors que le coffre des ludospaces a toujours été un problème pour l’ouvrir une fois garé proche d’un mur ou d’une voiture. Malheureusement, ce que Peugeot n’a pas communiqué sur le coup, ce fût sa disponibilité de série uniquement sur le haut de gamme, ou bien à 350 euros sur Allure. Un coût qui limitera aisément son achat, et qui ne fera pas regretter les galères d’ouverture de la porte entière. Et en parlant d’option, on sera déçu de trouver également l’accès et démarrage mains libres uniquement de série sur le haut de gamme GT Line. Dommage pour un véhicule qui se veut avoir monté en gamme, et regrettable en l’absence de justification des prix déjà élevés de la finition Allure (entre 26.000 et 30.000 euros).

Autrement, la silhouette de l’auto permet d’indiquer sur le papier un avantage de 100 litres supplémentaires de chargement dans le coffre par rapport au précédent Partner Tipee. En version 5 places, le volume se porte à 775 litres, soit un peu plus que l’actuel Kangoo (660 litres), mais moins que le Fiat Doblo (790) ou encore que le Dacia Lodgy. Pour ce dernier – se présentant comme un sérieux concurrent grâce à ses prix – le chargement s’échelonne à 827 litres. En abaissant la banquette arrière, le plancher ne sera pas complètement plat et la hauteur de chargement vis-à-vis de la hauteur de caisse de 18 cm seront les principaux défauts de ce coffre. Sinon, sa forme cubique bien maîtrisée offre un espace très convenable. Point à part mais important à noter, lors de notre essai avec une version à boite automatique, l’accoudoir passager type aviation vient buter contre la console centrale et ne permettant pas d’abaisser le siège. On nous aura expliqué par la suite qu’avec la console centrale dite « haute », l’accoudoir passager est amovible. Pensez-y si vous rencontrez la même difficulté !

Avec 775 litres de volume de chargement, le coffre est dans la moyenne, bien exploité, mais au seuil très haut.

Au sein de l’habitacle, la planche de bord permet tout de même des rangements assez généreux. Deux boîtes à gants sont disponibles, des espaces derrière la tablette centrale ou encore des portes gobelets font leur apparition. Les bacs de portes sont quant à eux légèrement pénalisés par le côté cossu de l’habillage des portes, un point à appuyer davantage pour les portes arrières. En choisissant la console centrale dite « basse » (disponible sur Active), une zone vide sera présente entre les deux sièges. De l’espace, encore, mais que nous aurions préféré retrouver fermé pour ranger des choses sans qu’elles ne tombent ou ne soient vues.

Cette console « basse » est, à notre goût, mal exploitée alors qu’il pourrait s’agir d’un espace supplémentaire de rangements.

Pour faire gonfler le nombre d’espace de rangement, la bonne exploitation du ciel de toit propre aux ludospace est également au rendez-vous sur le Rifter. On trouvera ainsi une capucine en haut des sièges avant, tout comme un bac de rangement assez volumineux à l’arrière. Ce dernier peut être ouvert via les places arrières ou directement dans le coffre. Attention toutefois, via le coffre, l’ouverture risque de faire tomber les plus grosses choses rangées. Autrement, en choisissant l’option du toit panoramique, une galerie sera également présente et traversant toute la longueur de l’habitacle. Une option facturée 750 euros, mais très agréable et esthétique.

En optant pour le toit panoramique, une galerie type aviation du plus bel effet est assez pratique !

Sur la route, à bord du Peugeot Rifter

Prenons place à bord du véhicule pour un parcours d’essai dans la région de la Principauté de Monaco. Quelque deux cents kilomètres de route qui nous auront conduit à essayer ce nouveau Rifter en ville comme sur des tracés sinueux et possédant des dénivelés suffisants pour tester le moteur et les freins. Mais tout d’abord, les premières dizaines de minutes de voie rapide nous auront permis de découvrir la position de conduite assez haute du modèle, due à ses assises ainsi que de sa hauteur de caisse. La visibilité avant s’est naturellement montrée très bonne, appuyée par des montants de pare-brise à la taille assez bien maîtrisée. La lunette arrière est elle-même large, mais la rétrovision restera cependant le point qui nous aura déçu. En effet, les rétroviseurs latéraux sont à notre goût trop petits, et on aura tendance à s’avancer ou se reculer un peu pour prendre l’information dans ses miroirs.

A 110 km/h sur voie rapide, le sentiment de calme fut à l’honneur au sein de ce Rifter, tant l’insonorisation était efficace. Que ce soit en terme de bruit d’air ou du moteur, le nouveau ludospace marque ici un joli point positif. Serait-elle par ailleurs aussi plaisante à conduire qu’un 3008 ? La réponse sera non. Bien que le Rifter se détache de Citroën et de son Berlingo avec des amortisseurs et une direction étant spécifiques, le caractère Peugeot n’est pas aussi poussé que sur la gamme SUV de la marque. La tenue de route est moins ferme, entraînant une prise de roulis avec la hauteur de caisse du modèle. Néanmoins, ce manque à gagner en terme de maintien a été gommé par des assises au bon équilibre entre maintien et confort. A l’arrière, les sièges individuels marquent le même constat. Au chapitre de la direction, le petit volant à double méplat rappelle l’univers de la marque au Lion. Pour les adeptes des directions précises, le Rifter sera certainement le meilleur du marché, voire le plus maniable par la même occasion. En conclusion, la tenue de route du Rifter nous aura surpris tant la caisse arrive plutôt bien à évoluer, même à vive allure. Gênée par une hauteur de caisse importante, la voiture s’en sort haut la main d’une conduite dynamique grâce à sa plateforme EPM2 toujours bien conçue. Mais ne nous détrompons pas, ce ne sera qu’un bon ludospace en terme de dynamique, et non pas une bonne voiture dynamique. De plus, en terme de confort, le Berlingo fera mieux.

Moteurs

Pour son lancement, le Rifter se présente uniquement avec trois moteurs différents. Deux blocs diesel et un essence issus du groupe PSA, aux motorisations de 100 et 130 ch pour le BlueHDi (diesel) et 110 ch pour le Puretech (essence). Un choix restreint, notamment sur la gamme essence, alors que cette dernière devrait être majoritaire en terme de vente en France et que la gamme essence représente au niveau global une part de 45 %, en augmentation. Pour l’heure, PSA n’a pas communiqué de sortie future de nouvelles motorisations, outre deux versions hybrides qui devraient faire leur apparition après 2020.

Depuis le restylage de la 308, le groupe PSA dispose d’une nouvelle boite automatique à 8 rapports, remplaçant la boite EAT6. Dans un souci de réduire la consommation, cette boite commence à se démocratiser sur la gamme, et le Rifter vient de s’en doter d’une dans son catalogue. Voici une bonne nouvelle, tant le précédent ludospace de Peugeot ne proposait qu’une technologie ETG franchement pas agréable. Par ailleurs, seul le bloc le plus puissant en sera doté. Il s’agit du BlueHDi 130 ch, disponible en finition Allure (à partir de 29.250 euros) ou GT Line (à partir de 31.300 euros).

A l’essai, ce moteur se sera montré très largement efficace et agréable, grâce à une puissance à la hauteur pour les relances et les insertions. Il conviendra pour le transport d’une famille, et sera le seul agréable pour transporter 7 personnes. De son côté, l’EAT8 se sera montré discrète, à condition de ne pas trop la pousser. En attaquant une côte, la boite a du mal à décider entre la sixième, la septième et le huitième rapport. Le moteur étant assez gourmand, les 7 l/100 km sont facilement atteints, mais préférez tout de même cette transmission-là à la boite manuelle qui limite tout de même la consommation de carburant.

Peut-on opter pour le BlueHDi 100 ch ?

Il faudra cependant se pencher sur les moteurs plus légers pour espérer gommer la montée en gamme tarifaire du Rifter vis-à-vis de l’ancien Partner Tipee. Avec 1.500 euros majorés, le modèle au bloc BlueHDi de 100 ch étant disponible à partir de 24.300 euros pourrait se montrer comme un choix judicieux. Ce dernier est d’ailleurs disponible sur tous les niveaux de finitions ; d’Active à GT Line.

Par ailleurs, quelques heures à son volant nous auront suffi pour nous rendre compte de sa légèreté. En l’absence de puissance à la hauteur, il suffira d’un départ en vacances ou tout simplement d’un trajet de 5 voire 7 personnes et la conduite du Rifter s’apparentera à un périple. Il faudra par conséquence jouer avec la boite de vitesse manuelle à 5 rapports, qui aura toutefois la qualité d’opter pour des rapports assez courts : très utile quand la puissance n’est pas au rendez-vous.

Rifter, un positionnement entre deux (gros) marchés

Si débattre sur l’existence des ludospaces en 2018 reviendra à des discussions davantage personnelles, se poser la question de la pertinence du positionnement du Rifter sur le marché en est une autre qui mérite d’être partagée ici. Le Peugeot Rifter est un outsider. Il veut plaire à une clientèle familiale, plaire par ses aspects pratique, mais se cherche une nouvelle image plus chic et la hauteur d’un standing qui n’existe pas réellement sur le marché. Ce choc de deux philosophies se distingue bien par les alternatives d’achat du modèle. D’un côté les SUV aux dessins plus travaillés, et de l’autre la concurrence des ludospaces moins chers tel que le Fiat Doblo ou l’actuel Renault Kangoo. Mais ce sera surtout face au Dacia Lodgy que la rivalité se posera. Au prix d’un Rifter d’entrée de gamme, on sera encore loin des prix proposés sur le modèle roumain dans ses finitions les plus hautes, alors que ce dernier disposera d’équipements tels que le régulateur de vitesse. D’ailleurs, bien que ressemblant à un ludospace, Dacia a préféré classer son modèle parmi les monospaces. Sa silhouette plus allongée lui procure de ce fait davantage d’espace, notamment au niveau du coffre.

Entre deux marchés, deux standings, et face à Dacia

Conclusion

Outre son positionnement tarifaire et ses trop nombreuses options ne justifiant aucunement des prix plus élevés face à la concurrence, le Peugeot Rifter se sera montré comme un véhicule bien réussi. Il sera un mélange agréable entre praticité pour les loisirs, volume de chargements pour les vacances et espace à bord pour les familles, tout en proposant un véhicule légèrement plus cossu de l’extérieur et avec un touché de route perdant de son héritage de véhicule utilitaire. Pour l’heure un outsider, jusqu’à découvrir l’année prochaine le regard de Renault sur la question ludospace.

On aura aimé

  • Au revoir l’héritage utilitaire

  • Aspect pratique

  • Sièges individuels, que ce soit en 5 ou 7 places

  • Bloc 130 ch

  • Pour qui cherche un ludospace bien équipé (GT Line, ou Allure avec des options)

On aura été déçu

  • Prix trop élevés face à la montée en gamme

  • Trop d’options

  • Trop de plastiques durs pour ces prix

  • Seuil de coffre trop haut

  • Bloc 100 BlueHDi à déconseiller

  • Mauvaise exploitation de la console basse

Les principaux équipements du Peugeot Rifter selon sa finition :

  • Sur Active

Airbags (6), allumage automatique feux de croisement, détection sous-gonflage indirect, volant réglable hauteur et profondeur, Pack Safety (reconnaissance panneaux de limitation de vitesse, régulateur/limiteur, freinage automatique d’urgence, alerte franchissement involontaire de ligne), enjoliveurs, barres de toit gris aluminium, projecteurs avant avec feux diurnes à DRL à lampe, volant moussé, climatisation manuelle, boite à gants supérieure réfrigirée, capucine de rangement, rétroviseurs extérieurs électriques chauffants, vitres arrière entrebaillantes, système audio RDS MP3, 1 prise USB / Jack et Bluetooth

  • Sur Allure, en plus des équipements d’Active

Frein à main électrique, pack visibilité, projecteurs antibrouillard, sécurité enfant électrique, aide au stationnement arrière, enjoliveurs, calandre chrome, projecteurs avec feux diurnes avec DRL à LED, 4 vitres électriques, climatisation automatique bizone et arrière (en rang 2), console centrale haute avec rangements, trappes de rangement dans le plancher rang 2, accoudoirs, écran tactile capacitif 8″, Mirror Screen

  • Sur GT Line, en plus des équipements d’Allure

Rétroviseur intérieur électrochrome, jantes alliage 17″, barres de toit longitudinales noires laquées, calandre noire laquée, surtapis et badges GT Line, volant en cuir, accès et démarrage mains libres, lunette arrière ouvrante, siège individuels arrière, Peugeot Connect

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.