Après le dieselgate, Volkswagen impliqué dans un scandale d’éthique

Depuis le 25 janvier, Volkswagen est retombée dans une nouvelle affaire – après celle du « dieselgate » – par la voie d’investigation de trois titres de presse. Question d’éthique cette fois-ci, le groupe automobile allemand aurait utilisé des singes et des cobayes humains dans le cadre de tests d’émanation des échappements de ses moteurs. 

Entre les 25 milliards d’euros devant être déboursés pour régler la dette du mensonge « dieselgate » aux 11 millions de moteurs truqués, ainsi qu’une étude publiée en mai 2017 par Nature qui mesurait à 38 000 le nombre de morts prématurés en 2015 par expositions excessives aux oxydes d’azote… Volkswagen était en mauvaise posture pour accueillir un nouveau scandale de son groupe auprès de l’opinion publique. Le 25 janvier dernier, le New York Times révélait pourtant les premières lignes d’une actualité qui s’en est suivi jusqu’aujourd’hui, et provoqué une convocation de Volkswagen devant la commission d’enquête du Bundestag. Un rassemblement qui se tiendra avec plusieurs autres groupes inculpés dans un nouveau scandale. Cette fois-ci touchant un aspect éthique : celui du respect de la bientraitance des animaux… et des humains.

Inhalations inacceptables

Les jeudi 25 et lundi 29 janvier ont ainsi été marqués par trois journaux relatant de travaux d’investigations au sein du groupe automobile allemand. Le 25, ce fût le quotidien américain cité qui déclara avoir mis la main sur des faits remontant à 2014 aux Etats-Unis, dans l’état du Nouveau-Mexique. L’accusation menée par les journalistes en charge du dossier fût directement visée sur le Centre de recherche européen sur l’environnement et la santé dans le secteur du transport (EUGT), qui selon eux, aurait utilisé 10 macaques pour respirer les rejets du moteur diesel d’une Volkswagen New Beetle. Ce centre-là – qui a fermé il y a de cela un an suite à d’autres affaires – était notamment financé par le groupe automobile allemand, mais aussi Daimler, BMW et l’équipementier Bosh. Installé de manière à inhaler les émissions de la voiture, l’intention du groupe était de montrer la « non-nocivité » des moteurs. Datant de 2014, ces derniers sont d’ailleurs ceux ayant été réprimés pour la présence du fameux logiciel en cause du « dieselgate ».

Quelques jours après, le lundi 29, ce sont les quotidiens germaniques Stuttgarter Zeitung et Süddeutsche Zeitung qui ont publié de nouvelles informations au sujet de l’affaire. En complément des données du New York Times, les deux journaux annonçaient une autre période d’essai d’inhalations chez Volkswagen, au sein cette fois-ci dans l’institut hospitalier d’Aix-la-Chapelle en Allemagne. Sur une période proche de l’autre affaire – sûrement un peu plus tôt – 25 « cobayes » volontaires et « en bonne santé », auraient accepté de respirer du dioxyde d’azote (NO2). Les concentrations de cette exposition aux émissions de moteurs diesels auraient été « variées » selon les deux titres. Le but, « n’ayant rien à voir avec les moteurs truqués », selon les mots du centre ayant réagi quelque temps après, aurait été de tester les effets de l’exposition au NO2 et ainsi permettre de fixer des plafonds d’expositions réglementaires dans les métiers des transports, de mécaniques et de soudeurs.

Convocation au Bundestag

Des test jugés « injustifiables d’un point de vue éthique » pour le porte-parole de la Chancellerie allemande, M. Seibert, alors que l’institut ayant effectué les tests sur les humains avait conclu en une absence « d’effets significatifs ». Paradoxe : le NO2 est jugé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme étant l’un des plus toxiques des oxydes d’azotes émis par les véhicules à motorisation diesel, et associé « à de nombreux troubles cardiovasculaires et respiratoires », relayait le média LCI.

Volkswagen n’a pas tardé à réagir en affirmant qu’il « aurait été préférable de renoncer à une telle étude dès le début » et ajoutant « que la méthode scientifique choisie à cette époque était erronée ». Face aux excuses présentée par le groupe, Christian Schmidt, le ministre des transports et de l’agriculture a condamné fermement la conduite de Volkswagen, en convoquant la firme de Wolfsburg devant la commission d’enquête du Bundestag, un rassemblement créé dès lors depuis le scandale du « dieselgate ». « La confiance en l’industrie automobile est à nouveau écornée », se désolait l’homme d’Etat. D’autant plus que ces révélations tombaient en plein dans une période délicate pour la ministre de l’environnement, Barbara Hendricks – « écœurée » – qui devait se rendre ce mardi 30 janvier à un sommet exceptionnel organisé avec les ministres de l’environnement français et italien à Bruxelles. Un événement mené par la Commission européenne, au sujet des Etats menacés de poursuites judiciaires pour des dépassements répétés des limites d’exposition au NO2. Ironie du sort.


Via The New York Times, Stuttgarter Zeitung, Süddeutsche Zeitung, Le Monde, LCI

Illustration par Azyrit

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