La location automobile rend option l’achat

Malgré la mise à la retraite du service Autolib’ à Paris, force est de constater que le secteur des transports a vu l’expansion de la location automobile frapper de plein fouet les espaces urbains. Par delà cette dynamique, les zones périurbaines deviennent elles aussi de plus en plus sujet à ce type de mobilité, supprimant l’idée de voiture personnelle. Comment cette entrée en vigueur d’un « forfait voiture » plutôt que d’un crédit auto se mesure-t-elle aujourd’hui en France et quels en sont ses nouveaux services ? Tour d’horizon de la voiture de quelques heures à la voiture de plusieurs mois.

Et si, finalement, le futur du transport automobile soutenu par le covoiturage allait déboucher sur une redéfinition du terme de voiture pour parler d’un objet parmi les bien commun ? En cet été 2018, difficile d’accepter l’idée que la voiture de location et sa vague de l’autopartage ait le vent en poupe tant le plus gros service urbain français Autolib’ s’est retiré du marché depuis le 31 juillet dernier. Pourtant, cette échéance pour le groupe Bolloré marquait finalement un top départ pour d’autres services notamment de marques automobiles. PSA comme Renault et le groupe ADA communiquaient en effet leur volonté d’étendre leur service respectif de location de voiture dans Paris. Une occasion de faire le tour des solutions de mobilité qu’il existe aujourd’hui via un contrat de location. De quelques minutes à plusieurs années, il y en a pour tous et de plus en plus.

Quelques heures de location avec les autos libre-service

Il n’aura pas fallu beaucoup de temps au groupe ADA pour lancer son expérimentation de location automobile dans Paris. A la mi-juillet déjà, les 11ème et 12ème arrondissements de la capitale étaient déjà équipés de quelques 100 Renault Zoé et 20 Renault Twizy. Associé avec la marque au losange, le numéro 1 français de la location dite de proximité a même quelques jours après ajouté 300 véhicules de plus à sa flotte. La décision fût prise au moment où ADA communiquait mettre en place deux formules de location. La première proposant une voiture électrique pour un maximum de 4h et kilométrage illimité, et la seconde en thermique pour une durée comprise entre une demi journée et 30 jours.

Ce service surfant sur la mort d’Autolib’ montre à quel point l’auto-partage en ville est une solution de plus en plus populaire, et comment la mobilité périurbaine est elle aussi saisie par la question. En effet, une offre de location permettant de signer pour des contrats d’une semaine peut devenir un bon plan pour des parisiens voulant sortir un peu de la petite couronne, ou encore des personnes rurales souhaitant se rapprocher de la ville-centre exceptionnellement. « Ces offres […] permettront de disposer d’un véhicule pour quelques minutes, comme pour plusieurs jours. C’est la solution qui manquait aux Franciliens pour se libérer sereinement de leur véhicule personnel. » déclarait Christophe Plonevez, Directeur Général d’ADA.

Quand la location entraîne d’autres locations…

En poursuivant notre tour des nouveaux services liés à la voiture de location, indispensable de s’arrêter sur ceux ayant des modèles économiques aussi surprenants qu’intéressants pour le porte-feuille. A l’image de la société DriiveMe, dont leur but est de proposer à leurs clients de faire des trajets précis – d’un point A à un point B – afin de rapatrier un véhicule appartenant à une agence de location automobile à son point de départ. « Pour équilibrer les parcs automobiles, les agences de location ont en effet besoin de déplacer leurs véhicules. Afin d’optimiser ces transferts, nous leur proposons de faire rapatrier leurs véhicules par des particuliers », expliquait le fondateur de DriiveMe. Une alternative pour ces agences qui peuvent ainsi éviter de les faire bouger par camion, et une aubaine pour les particuliers tant la location leur revient à… 1 euro.

Nancy-Lyon, Nancy-Paris ou encore Nancy-Strasbourg, DriiveMe – qui s’est installée en France à Nancy – compte se déployer par la suite dans le reste de l’hexagone. L’offre étant très économique (elle comprend l’assurance tous risques ; essence et potentiels péages seront à vos frais), elle possède néanmoins des inconvénients. Tout d’abord, il s’agit d’une location pour un aller simple, à moins que vous ayez réservé un autre véhicule dans le sens retour. Il faut avoir deux ans de permis et l’âge minimum est de 21 ans. DriiveMe indique que le conducteur est libre de choisir son itinéraire et de se permettre une marge supplémentaire de kilomètre, mais la voiture doit dans tous les cas être rendue à un point donné et dans les temps. Un bon plan pour partir en vacances, mais rien de plus qu’une alternative aux trains et aux bus pour l’heure.

Pourtant, l’entreprise informe qu’elle a réalisé entre 50.000 et 60.000 déplacements de véhicule l’année dernière, et compte bien multiplier par 3 ce résultat chaque année. Pour se faire, les déplacements de voiture devraient s’ouvrir à d’autres convoyages tel que les livraisons d’achat de véhicules d’occasion.

La LOA, la location à long-terme

« C’est un modèle intelligent élaboré par les constructeurs qui ont compris qu’aujourd’hui tout est mensualisé. Ils ont pensé au forfait voiture ». Par delà de gros changements économiques, la location automobile avec option d’achat révolutionne les liens que l’on a avec la voiture personnelle, expliquait Pierre Chasseray, délégué général de l’association 40 Millions d’automobilistes. Car s’il y a bien un mode de location qui est arrivé à faire sa place dans la mobilité, c’est bien elle : la LOA. Cette location long-terme, alternative à l’achat, est de plus en plus populaire. Selon le Comité des Constructeurs Français d’Automobiles (CCFA), plus d’un particulier sur trois s’offrant une voiture neuve passe par ce genre de contrat. Les locations s’articulent entre 24 et 60 mois, et permettent de disposer d’un véhicule neuf et remplacé tous les 2 à 4 ans, tout en évitant un crédit à la banque.

Ne reste en général comme principal problème le plafond kilométrique auquel on minimise souvent sa faible amplitude au moment des signatures, ainsi que la peur de réaliser la moindre éraflure sur la carrosserie, qui sera visible lors de l’état des lieux de fin de location.

Des prix en France encore élevés

Les statistiques de l’année 2017 en terme de recours au crédit pour l’achat d’un véhicule neuf sont en chut de 10,8 %. Bien qu’il soit encore tôt pour dresser quelconque bilan sur le futur de la location et de l’auto-partage, force est de constater qu’elle semble aujourd’hui avoir le vent en poupe. Ses services, quant à eux, se diversifient. Notamment à l’échelle locale où les locations courtes et de proximité fleurissent en ville et viendront au fil du temps se démocratiser en dehors des centres urbains. Par ailleurs, cette augmentation du nombre de sociétés de service de location semble encore être en deçà du nombre de potentiels clients. Via le site Carigami, comparateur de prix des locations automobile en Europe, nous pouvions lire que les prix pour une location à la journée dépasserait aisément les 40 euros. Cette mesure – simulée via une réservation prise un mois à l’avance – doit son prix élevé suite aux risques de plus en plus chroniques de rupture de stock de véhicule. L’expansion des flottes de voiture d’auto-partage fera-t-elle baisser la note de cette nouvelle mobilité dans les temps à venir ?


Via Observatoire de la franchise, Le Figaro, Le Monde, Est Républicain, avec le CCFA

Photos Raphael Desrosiers / Flickr, Xavier Caré / Wikimedia Commons, DriiveMe

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