Les pneus de nos voitures, face à l’urgence climatique

Impactés par une problématique écologique de plus en plus présente, les acteurs du secteur de la mobilité attirent les regards presque uniquement du point de vue des nouvelles motorisations. Plus discrets, les fabricants de pneumatiques sont tout autant responsables de la transition énergétique. Depuis quelques années, les concepts s’enchaînent, au contact de la route.

Ils sont responsables de votre sécurité, les seuls à établir le contact entre vous et la route. Indispensables, les pneus sont malheureusement devenus un véritable fléau, du fait de leur recyclage très limité, et leur consommation parfois absurde, à coup de crevaisons. Dans le secteur de la mobilité, la préoccupation du gouvernement se rassemble surtout sur la transition énergétique des moteurs, donnant la sensation que l’ensemble des problèmes écologiques des transports seront résolus par la trouvaille d’une énergie propre dans nos moteurs (lire cet article). Rien, du côté des pneumatiques. Pourtant, ces derniers se transforment également, et les fabricants enchaînent les idées et projets. 

La révolution de nos pneumatiques

Depuis plus de 10 ans, les constructeurs automobiles ne sont en effet plus les seuls à innover, et présenter des prototypes. Beaucoup moins médiatisés, les « concepts-pneus » se multiplient, et pourraient bel et bien répondre à un nombre assez conséquent de contraintes actuelles. Goodyear, Michelin, Continental ou encore Bridgestone, ils ont tous présenté de multiples idées, qui pourraient bel et bien révolutionner la manière de concevoir un pneu d’une façon presque totale.

bridgestone enliten pneu

Les Bridgestone Enliten sont 10 % moins lourds par rapport à un pneu traditionnel, et 20 % moins résistants au roulement.

Améliorer l’actuelle copie

Pour débuter dans cette revue en détail, nous allons nous pencher sur Bridgestone, qui avait présenté en juin dernier les « Enliten », des pneus ressemblants aux modèles traditionnels, mais utilisant une technologie leur permettant d’être plus légers (un poids 10 % inférieur aux pneumatiques classiques selon bestdrive.fr) et moins résistants au frottement avec la route. Un moyen de diminuer les rejets de CO2, avec « des rainures moins profondes, un revêtement intérieur moins épais mais plus résistant et un nouveau concept de moule dédié », énumérait Bridgestone dans un communiqué.

continental caoutchouc de pissenlit

Chercher à améliorer l’actuel modèle de pneu que nous utilisons tous les jours, c’est également la mission sur laquelle Continental planche depuis maintenant six ans. Leur proposition : concevoir une gomme utilisant un caoutchouc naturel, fait de pissenlits génétiquement modifiés. Leur projet cherche avant tout à permettre au fabricant de s’alimenter d’un caoutchouc pouvant être produit plus largement que dans des zones restreintes tropicales, où l’actuel caoutchouc des heveas (arbre à caoutchouc) est produit. Un gain qui pourra également se traduire sur la note du client, avec un coût de transport moins important. En savoir plus sur le concept en cliquant sur notre article.

Plus d’air, plus de crevaisons

Chez Michelin, les dernières présentations veulent montrer au grand public que les recherches se tournent désormais vers des solutions différentes du modèle actuel de pneumatique. Il y a quelques semaines, le fabricant auvergnat été arrivé à faire parler de lui grâce à un concept de pneu sans air baptisé « Uptis ». En collaboration avec General Motors, sa structure est composée de caoutchouc en verre-résine, permettant de suspendre la bande de roulement sans aide d’air comprimé. Ce prototype part de la problématique des crevaisons, responsable selon Michelin de plus de 200 millions de pneus par an. En effet, la crevaison est un véritable fléau, forçant parfois à devoir jeter un pneu peu usagé, et souvent le second qui l’accompagne sur le même essieu pour ne pas déséquilibrer la voiture.

Vers des roues, volantes ?

Pour aujourd’hui mais aussi pour demain, les manufacturiers accompagnent la révolution de la mobilité par tous les moyens. Chez Goodyear au dernier salon du Bourget, quatre pneumatiques à la forme de turbines ont pris place sur un concept de voiture autonome, volante. Le Goodyear Aero – un pneu deux en un – possède la particularité de jouer le rôle d’une hélice qui s’incline, en vue de futurs déplacements aériens. Une prouesse, si son développement se poursuit, en arrivant à pouvoir être assez souple pour amortir les chocs tout en étant assez solide, pour créer une levée verticale.

aero goodyear

La roue tourne

Moins présents dans la presse, les concept-pneus sont pourtant révélateur d’une industrie où il y a tout autant urgence d’innover. Loin d’être inoffensifs, les pneus viennent se rajouter aux freins et à l’érosion des routes parmi les principaux émetteurs de particules fines. Si l’OMS accuse les poussières toxiques PM10 (particule fine inférieure à 10 microns) d’être la cause de près de 7 millions de décès chaque année dans le monde, sachez que les pneumatiques seraient au moins responsables de 3 millions de tonnes de déchets de cette nature.

pneu revolution

A Paris, l’entreprise Tallano Technologie expliquait en octobre 2018 que plus de 15 000 tonnes de PM10 auraient été relâchés dans l’atmosphère en 2016, par les pneus, les freins et les routes. Confronté aux émissions des gaz d’échappement, cela correspondrait à plus de 46,5 % des particules fines. Un constat sur lequel l’entreprise dirigée par Christophe Rocca-Serra expliquait à nos confrères de L’Express travailler sur un système d’aspiration de ces poussières hautement toxiques, via un filtre placé derrière chaque roue. Il y a quelques mois, la Mairie de Paris en a fait une première expérimentation, pour un test de 12 mois. A l’heure actuelle, nombre de fabriquant de pneus planchent sur des bandes de roulement biodégradables. Tous sont à la quête d’une révolution, et pas seulement celle d’un seul tour de roue.

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