PSA : des accusations de diesel truqués divisent les salariés

Grand épargné des multiples affaires de moteurs diesel truqués, PSA est aujourd’hui visé par la répression des fraudes au sujet de 2 millions de véhicules commercialisés. Alors que le groupe français survolait le sujet, c’est finalement à quelques jours du salon de Francfort que son nom est pointé du doigt. Sans trop tarder vendredi, PSA a exprimé dans un communiqué son « indignation ».

Le rendez-vous automobile allemand ne devrait pas être sous le signe de la fête cette année. Après l’annonce de multiples absences de constructeur, le salon de Francfort sera aussi marqué par l’arrivée d’une nouvelle affaire de dieselgate dans les allées des stands. Accusé de tricherie sur ses émissions de NOx, le groupe n’est autre que PSA, comprenant Peugeot, Citroën et DS. Ayant pu se procurer des documents de la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes), le journal Le Monde a révélé vendredi que plus de 2 millions de véhicules produits depuis septembre 2009 et septembre 2015 seraient accusés, et que l’amende maximale risquée atteindrait déjà les 5 milliards d’euros.

En cause : deux modes, deux paramétrages des moteurs

Les conclusions du rapport de la répression des fraudes sont lourdes : les blocs diesel produit par PSA dans le cadre des normes Euro5 (de 2009 à 2015) fonctionneraient « selon des stratégies frauduleuses ». Pour expliquer la déviance mise en avant par l’affaire, une perquisition de documents au sein du siège de PSA auraient permis de relever des éléments essentiels dans l’enquête. On apprend ainsi que la DGCCRF aurait mis la main sur une technologie de paramétrage des moteurs qui fonctionnerait sous deux modes différents : LowNOx et LowCO2. Le premier de ces réglages entrerait en jeu uniquement au moment des tests d’homologation. Ce dernier baisserait la part de rejets de NOx sous la barre du niveau requis Euro5, mais diminuerait aussi les performances du bloc. L’autre mode, baptisé LowCO2, serait enclenché par le calculateur de contrôle moteur par la suite – c’est à dire dans conduite de tous les jours – et rétablirait les performances du modèles en faisant ainsi dépasser considérablement les rejets d’oxydes d’azote (NOx). Un schéma « classique », qui ressemblerait à celui de Volkswagen ou encore de Renault et de ses 900.000 moteurs visés dans une autre affaire.

Quatre responsables « avertis »

Carlos Tavares, actuellement PDG de PSA, pourrait ainsi être reconnu responsable des potentielles fraudes des constructeurs. Cependant, la DGCCRF indique dans son rapport que trois autres responsables en seraient « avertis ». Ainsi, les anciens Président-Directeur Général du groupe que sont Philippe Varin, Christian Streiff et Jean-Martin Folz – de 1997 à 2014 – « sont des dirigeants avertis, ils ne sauraient donc exciper leur bonne foi sur le caractère frauduleux de la stratégie mise en oeuvre au sein de PSA ».

Un communiqué de PSA exclame son indignation, les employés divisés

Quelque temps après la publication du journal Le Monde du vendredi 8 septembre – date où l’affaire fût révélée – chacun des médias ont cherché à prendre contact avec PSA, qui dans toutes ses communications, a démenti l’affaire et par la suite porté plainte pour violation du secret de l’instruction. Selon des propos publiés par nos confrères de La Tribune, les réglages moteurs de Peugeot et Citroën sur les normes Euro5 fonctionneraient toujours selon les conditions de son utilisation, et que le système de dépollution est activé ou non uniquement dans le cadre d’une « optimisation de l’efficacité mais également de la sécurité de la voiture en fonction des températures. En aucun cas, une histoire d’homologation serait l’un des critères des modes de paramétrages des moteurs, explique un communiqué du groupe français, titré « indignation ».

De l’autre côté des bureaux, au sein des chaînes de production PSA, la nouvelle partage les esprits. Certains, comme dans les établissements de Poissy, indique au micro d’Europe 1 être inquiet et avoir peur que l’affaire se concrétise. « Tricher, c’est aussi trahir ses salariés » évoque l’un des employés de l’usine. Un avis qu’un groupe d’ouvriers semble rejeter, tant ces affaires de triches concerneraient « tous les constructeurs automobile ». Questionné par l’un de nos confrères, un salarié aurait répondu que c’est « un peu comme l’histoire de Volkswagen, de toute façon, PSA fait la même chose ». Pourtant, d’autres sont plus optimistes et accusent plutôt la DGCCRF de vouloir « chercher la petite bête », rajoutant que « toutes les marques sont sur la selette, un point c’est tout ».

Un précédent contrôle de l’UTAC accusait aussi PSA

Constructeurs aux moteurs « best-in class », Peugeot et Citroën avaient été les grands épargnés des affaires ces derniers temps, alors que Porsche, FCA (Fiat Chrysler Automotive) ou encore Renault en été noyés depuis Volkswagen en 2015. Pourtant, le rapport de la répression des fraudes rendu public par Le Monde possède des précédents. Souvenez-vous, à l’époque, Ségolène Royal avait demandé à l’UTAC (organisme de certification des véhicules) de procéder à de multiples mesures de véhicules en conditions réelles. Si Renault avait été le plus obscur avec des niveaux de rejets multipliés par rapport à ses homologations, certains résultats de PSA pointaient du doigt les 5008, 208, 807, C3 et C5 comme dépassant de 30 à 170 % les valeurs de référence sur banc d’essai.


Via Le Monde, La Tribune, Europe 1, Auto Moto, PSA

Illustration PSA 

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