A Ajaccio, le SUV urbain affirme sa personnalité mais se fait rattraper par quelques petits reproches dans son offre.
Citroën a attendu l’expansion des véhicules compacts urbains surélevés pour sortir son modèle le plus baroudeur de son histoire. Né de la nouvelle gamme « Aircross » – étant amenée à grossir ces prochaines années – le premier SUV de la marque aux chevrons sur le sol européen veut plaire par son style original et son caractère à l’opposé de celui de Peugeot. Essai.
Douée en ville, plus affalées dans les virages de campagne, seul un raffermissement des amortisseurs pouvait modifier la perception du caractère de la nouvelle C3 Aircross par rapport à la citadine C3 essayée en octobre 2016. Plus haute et forcément plus lourde, nos questionnements lors de la présentation de ce SUV urbain en juin dernier nous forçait à nous attendre à trouver un comportement de caisse très « bateau » ; sensiblement confortable mais aussi discrédité de tout agrément de conduite. Quoi de mieux que de l’essayer pour pouvoir enfin en parler ? On a pour cela pris en main les versions essence 110 ch et diesel 120 ch sur les routes diverses et variées du sud d’Ajaccio.
Rondouillé, mais sans Airbumps
A sa présentation en juin dernier à Paris, son design n’avait pas vraiment surpris. Dans un semblant de continuité avec la C3, le C3 Aicross marque la volonté de Citroën de mettre en place une gamme cohérente entre ses différents modèles, à la manière des constructeurs allemands, l’originalité en plus. Et c’est à partir d’une plateforme co-produite avec Opel (nouvelle acquisition du groupe PSA) que le SUV du segment B s’est développé. Un design fusionnant donc la citadine aux chevrons, mais dont les airbumps – les protections latérales sous forme de coussins d’airs – ne seront plus proposés. En cause ? Sa production à Saragosse en Espagne. Etant une chaîne de production partagée avec Opel, il n’était pas économiquement rentable de produire des portes et jupes latérales sous deux versions (avec ou sans Airbumps), nous expliquait en interne les responsables de la marque. C’est donc sous un gabarit de 4,15m que le dernier né d’une gamme menée à s’étoffer – baptisée « Aircross » – sort en concession, avec des formes rondes et complété de possibilités de personnalisation au niveau de la couleur de carrosserie, du toit et des appendices tels que les coques de rétroviseurs.
De l’espace, du confort et des petits reproches à l’intérieur
Dans les kilomètres de notre essai (étalé sur deux jours), l’assise de ce C3 Aircross n’a été qu’une confirmation d’un compliment accordé à la citadine C3 ultérieurement : les nouveaux sièges Citroën possèdent une position et un confort permettant d’avaler des kilomètres, un peu à la manière de ceux de la Fiat Tipo (lire notre essai) – dans un tout autre style – mais dont l’équilibre entre moelleux et fermeté nous avait retenu l’attention. A l’avant comme à l’arrière de cette Citroën, l’espace perçu est très bon, et le gabarit de l’engin permet d’offrir à la majeure partie des profils une marge au niveau des jambes et de la garde au toit. D’autant plus que la place du milieu de la banquette arrière devrait laisser de l’espace à un enfant ou un adolescent pour faire un trajet en n’étant pas moins bien assis que les autres.
De la place pour les passagers et le conducteurs, mais aussi dans le coffre, où la silhouette cubique de l’auto apporte là aussi ses avantages. Au programme, 410 litres seront disponibles, dans un espace carré et assez haut. Proche des données relevées sur le 2008 de Peugeot (le Captur de Renault disposant uniquement de 377 L), son avantage se présentera si vous optez pour la banquette coulissante de 490 euros sur le second niveau de finition Feel ou de série sur Shine, majorant ainsi l’espace à 510 litres si les sièges sont le plus avancés. Dans un système de redressement manuel, le plancher pourra être élevé sur un second niveau, afin d’offrir un espace plat si la banquette arrière est rabattue. Déception après notre essai, c’est par ailleurs au sein de l’habitacle que nous avons trouvé les rangements rares. Avec un espace grippé au niveau du tableau de bord plutôt bien pensé, les objets à volumes plus importants ne disposent pas réellement d’espace attribué. Mise à part une boîte à gants, nous aurions aimé un espace de rangement fermé supplémentaire, tel qu’aurait pu le faire une console centrale mêlant accoudoir et vide poche. Interrogé par nos soins, l’un des responsables de chez Citroën nous a annoncé que cela été dû à un problème d’homologation avec le frein à main manuel, « devant se trouver au plus proche du levier de vitesse ».
- 410 litres
- Le plancher devient plat grâce à un système de coffre à double niveau
- Dommage de ne pas retrouver un espace de rangement fermé au niveau de l’accoudoir
- Un petit vide poche rattrape le tout, mais le manque d’espace de rangement se fait bien ressentir
Aux choix multiples de personnalisation à l’extérieur, le C3 Aircross sera légèrement plus « sage » à l’intérieur, avec des tons classiques au nombre de 5 possibilités, du tissu gris au cuir marron. Des traitements accordés sur les sièges principalement, tant la planche de bord sera dans la majeure partie garnit de plastique dur, au même titre que l’habillage des portes. Un petit reproche à ce stade, alors que les voitures étaient disponibles à l’essai depuis 1 semaine par la presse, une éraflure due certainement à un frottement avec un sac ou du matériel vidéo avait pu être constatée sur un modèle que nous avions à l’essai. Il fait donc bien de rappeler que ces traitements d’habitacle restent assez fragiles et la récupération de ses petites mégardes ne sont pas très faciles.

Les plastiques durs sont omniprésents sur l’auto, mais l’aspect esthétique est bien rattrapé par un dessin gai et original. Exemple avec ces bouches d’aération.
Autrement, l’accès au C3 Aircross et son démarrage se réalisent par clé classique, mais une option à 350 euros peut vous permettre d’opter pour un accès et démarrage sans clé. Dommage de retrouver cet équipement en plus du prix du modèle, même sur le haut-de-gamme Shine. Enfin, à partir de l’écran tactile de 7″ (disponible à partir du second volet de finition Feel), la climatisation automatique sera disponible pour 350 euros ou de série sur Shine.
En essence : le 110 ch correct, l’offre de transmission déçoit
Contact et notre première version à l’essai – l’essence Puretech 110 ch – s’élance pour un premier trajet d’une centaine de kilomètres mêlant routes escarpées, chemins de sable et ville. Sans surprise, le bloc 3 cylindres turbo se montre légèrement plus fragile que sur la C3, étant plus légère. Mais après quelques kilomètres à bord du C3 Aircross, la motorisation ne semble pas pour le moins être dépassé : son utilisation reste correcte, et même plutôt agréable dans des espaces urbains. Couplé à la boîte automatique EAT6, les quelques reliefs passés à bord mettent en avant ses capacités limitées face à des technologies plus développées telle que la boîte DSG du groupe Volkswagen. Mais une fois encore, son utilisation restera très correcte sur la plupart des tracés. Un mode Sport agissant sur le cerveau de la boîte permettra de pousser plus loin les rapports, mais son utilisation reste gadget et bien que la voiture dispose d’une insonorisation agréable, le bruit du 3 cylindres passé 3 000 tr/min déstabilisera le confort auparavant installé.
Par ailleurs, le nouveau SUV de Citroën proposera deux autres possibilités de bloc essence, dont un 82 et un 130 ch. Permettez-nous de vous le dire tout de suite, le Puretech 82 ne permettra une utilisation que limitée dans les reprises et notre choix d’opter pour l’essence au plus moindre coût restera le 110, beaucoup plus polyvalent. De l’autre côté de l’échelle, le bloc 130 devrait être le plus agréable, mais nous aurons été déçu de le trouver sans la possibilité d’y ajouté la boîte EAT6, tant le bloc se présentera comme le haut-de-gamme et que pour un SUV dit urbain, la transmission auto est souvent très privilégiée. De ce fait, disponible uniquement sur le niveau de finition Shine, le moteur s’affichera avec une boîte manuelle à 6 rapports. Mais pour en rester à ce chapitre de la transmission, il faudra aussi noter que le Puretech 110, dans sa version à boîte manuelle moins chère de 1.000 euros, ne disposera que d’une BVM à 5 rapports. Un de moins donc, ce qui devrait fatiguer à l’oreille sur les voies rapides et autoroutes, et ne pas permettre d’abaisser les consommations.
Sur les routes en diesel 120 ch
Pas plus lourd qu’un Puretech 110 EAT6 (1.203 kg de masse à vide), le C3 Aircross disposant du BlueHDi 120 ch essayé principalement sur des départementales nous aura plu. Coupleux à bas régime sur un chemin en terre que nous ayons pris au sud d’Ajaccio, ses agréments ne manquaient pas, et marqueront certainement le bloc 100 (disponible uniquement en BVM5) comme léger pour conduire sans devoir jouer à longueur de temps de la boîte. Disponible au même prix d’entrée que le 110 essence EAT6 en finition Feel, il n’y aura pour nous pas photo. Si jamais vous devez rallonger le nombre de kilomètres et que vous vous trouvez dans l’obligation de choisir un bloc diesel, nous vous conseilleront ainsi le 120, disponible à partir de 21.950 euros.

Outre l’essence 110 ch, le reste de la gamme n’est proposée qu’en boite manuelle 5 ou 6 rapports.
Une Citroën
Au siège conducteur, la position de conduite est plutôt bien établie. La visibilité met l’accent sur un léger sentiment de hauteur sur la route, et la lunette arrière donne une visibilité plus intéressante que celles des 2008 et Captur. L’affichage tête-haute – disponible uniquement sur le dernier volet de finition et avec le pack Techno à 650 euros – permet de suivre les indications de navigation, et de connaître sa vitesse.
En conduite, la majoration en poids et en hauteur par rapport à la citadine C3 semble avoir été ajustée avec un réglage de suspensions plus ferme, laissant toujours la place au confort, mais en limitant la trop grande prise de roulis en virage. A vitesse normale, le train avant de l’auto peut tout de même très vite accuser le caractère SUV de l’auto, en s’écroulant sur ses deux roues. Mais ce côté « bateau » est gommé par une direction très légère, peut-être floue pour certains, mais dont les avantages se découvriront dans les espaces urbains. La C3 Aircross limite donc plutôt bien son gabarit, tout en arrivant bien à conserver son esprit Citroën. Sa personnalité quant à elle se retrouve à l’opposé en quelque sorte du Peugeot 2008, jouant pour sa part sur le dynamisme.
Par ailleurs, avec ses 20 mm de surélévation supplémentaires par rapport à la C3, la course des amortisseurs nous a semblé très courte, et sur chacune des imperfections de la route tel que des bouches d’égouts ou de petits trous, les suspensions viennent buter, rendant l’obstacle démultiplié auditivement. Sûrement l’une des conséquences pour arriver à obtenir un SUV à la hauteur de caisse assez faible.

Avec son style et son système GripControl, les terrains off-road semblent être à porter de main. Gare à vous tout de même : l’ensablement n’est jamais bien loin.
A l’achat : passage obligatoire par les options ?
Le dernier né des SUV urbain français du marché sera proposé dans une gamme de finition très simple : au nombre de trois niveaux. Pour la version Live – l’entrée de gamme – comptez à partir de 15.950 euros en essence, et 18.950 euros en diesel. Pour la version Feel, dont le niveau de gamme permet de disposer de la tablette tactile, des feux de jour à LED ou encore d’un volant en croûte de cuir, il faudra disposer respectivement de 17.750 et 20.750 euros pour les deux motorisations. Enfin, la version Shine, responsable des rétroviseurs au rabattement électrique ; de la climatisation automatique de série, de la banquette arrière coulissante ainsi que de la motorisation Puretech 130, sera disponible à partir de 21.250 euros en essence (le bloc 82 ch n’est pas disponible sur cette finition) ainsi qu’à 22.750 euros en diesel.
Si les tarifs restent assez correctes, plus ou moins dans les prix du marché (tel été la nouvelle politique du constructeur instauré par Linda Jackson, Directrice Générale), l’influence des options et des niveaux de finitions fait qu’il faudra au moins opter pour la finition Feel afin d’être équipé le minimum correctement (la climatisation étant d’option à 1.000 euros sur Live). De plus, les principaux équipements faisant le caractère de la voiture (tel que sa modularité de part la banquette coulissante ou encore l’accès et démarrage main libre pour la connectivité) ne seront accessible qu’au dernier niveau de finition, ou de part des options assez coûteuses. Des prix élevés, étant dû au fait que les options sont pour la plupart uniquement disponible via des « packs », faisant ainsi augmenter l’addition.
On aura aimé :
- Confort en ville, insonorisation
- Espace à bord et volume de coffre
- Démarcation du modèle par son style
On aura été déçu :
- Qualité des plastiques dans l’habitacle, rangements fermés manquants
- Prix des options dus aux packs
- Boite automatique EAT6 disponible uniquement sur l’essence 110 ch
Notre vidéo
Equipements selon les versions
LIVE
ABS, AFU, ESP, REF, Aide au démarrage en pente, Airbags frontaux, latéraux avant et rideaux, Allumage automatique des feux, Banquette arrière fractionnable 2/3 – 1/3, Condamnation centralisée avec plip, Coques de rétroviseurs extérieurs Noir Mat, Détection de sous-gonflage, Direction assistée, Elargisseurs d’aile et bas de caisse Noir Mat, Enjoliveurs 16’’ AIRFLOW sur PureTech 82 BVM, Enjoliveurs 16’’ AXIS sur BlueHDi 100 BVM, Frein à main type aviation, Kit de dépannage provisoire de pneumatiques, Kit mains libres Bluetooth et prise USB, Lève-vitres avant électriques, Ordinateur de bord, Pack Safety : Alerte de Franchissement Involontaire de Ligne, Coffee Break Alert, Reconnaissance des panneaux de vitesse et recommandation, Témoin de non-bouclage des ceintures de sécurité, conducteur et passagers, Poignées de portes extérieures couleur caisse, Régulateur – limiteur de vitesse, Rehausse de siège conducteur, Système audio MP3 6 HP, Volant réglable en hauteur et en profondeur.
FEEL (en plus des équipements LIVE)
Barres de toit Noir Brillant, CITROËN Connect Radio sur tablette tactile 7’’, Climatisation manuelle, Coques de rétroviseurs extérieurs Noir Brillant, Décors extérieurs Noir Brillant, Feux diurnes à LED, Jantes Steel & Design 16’’, Prise 12V arrière, Projecteurs antibrouillard avec éclairage statique d’intersection, Rétroviseurs extérieurs électriques et dégivrants, Sabots de protection avant et arrière Gris Anthra,Volant croûte de cuir.
SHINE (en plus des équipements FEEL)
Aide au stationnement arrière, Banquette arrière coulissante, CITROËN Connect Box avec Pack SOS et assistance inclus, CITROËN Connect Nav, Climatisation automatique, Enjoliveurs de projecteurs Noir Brillant, Essuie-vitre avant automatique, Jantes alliage 17’’ 4 EVER Diamantées, Lève-vitres avant et arrière électriques et séquentiels, Mirror Screen, Rétroviseur intérieur électrochrome, Rétroviseurs extérieurs rabattables électriquement, Vitres et lunette arrière surteintées.
3 thoughts on “Essai Citroën C3 Aircross 2017 : le premier SUV aux chevrons”